Ca y est je lance mon podcast ! Corps Révoltés, se nourrir sereinement, s’engager puissamment
Dans ce premier épisode, appelé Manifesto ou la raison d’être du podcast on va voir ensemble la genèse !
Pourquoi j’en suis arrivée à créer ce podcast ? Pourquoi je préfère ce format à instagram ?
De quel point de vue je parle ? Et pourquoi c’est important de le préciser ?
Comment va-t-on aborder les troubles alimentaires, l’image corporelle ?
Cet épisode c’est la boussole du podcast <3
Références citées :
- Elsa Couteiller – accompagnante
- Anne Favier – naturopathe engagée
- Zina Mebkhout – thérapeute discriminations, troubles alimentaires, affirmation de soi
- Selma Sardouk – soin communautaire & thérapie
- Shérazade – stop grossophobie + son livre » tu as un si joli visage »
- Notion de trauma racial => malheureusement l’épisode auquel je faisais référence n’existe plus
- Livre Fearing the Black Body : The Racial Origins of Fat Phobia de Sabrina Strings
Introduction – avec musique
Hello et bienvenue sur le podcast Corps révoltés, se nourrir sereinement, s’engager puissamment.
Je m’appelle Emeline Lecouffe, je suis accompagnante sur le comportement alimentaire et naturopathe engagé et féministe.
Dans ce podcast, on parle de rapport à l’alimentation, de rapport au corps et de santé de manière politisée et engagée.
Je te partage ainsi que mes invités des outils, des pratiques et aussi des réflexions qui intègrent le sociétal.
Car je suis convaincue que la libération individuelle n’est rien et est impossible sans le collectif.
On est ici dans une bulle, dans un cocoon, alors je te souhaite une douce écoute de l’épisode du jour.
Corps de l’épisode
Hello, hello et bienvenue sur ce nouvel épisode. Cet épisode, je le veux un peu spécial, un peu différent des autres.
On pourrait l’appeler Manifesto ou la raison d’être du podcast, enfin bref, peu importe.
En tout cas, j’aimerais revenir sur le pourquoi du comment, c’est-à-dire pourquoi ce podcast, de quoi va-t-on parler, qu’est-ce qui finalement m’a motivé à le faire.
Également, j’aimerais en profiter pour un peu plus me situer, c’est-à-dire que là tu entends ma voix, mais tu ne sais pas grand-chose finalement de la personne derrière cette voix.
Et pour autant, il y a quand même des biais, les choses que je dites sont pas neutres, rien n’est jamais neutre au final Elles sont forcément influencées certes d’une part par mes accompagnements, par mon expérience en tant qu’accompagnante, mais également par mon vécu, par les oppressions que je connais ou que je ne connais pas.
Donc c’est aussi important pour moi de revenir sur ce sujet pour que tu puisses un peu mieux comprendre finalement mes propos. C’est-à-dire derrière ces propos, finalement, quelles lunettes sont mises, quelles lunettes, de quelles oppressions vécues, quelles vécues notamment.
Alors, pourquoi ce podcast et de quoi va-t-on parler?
Clairement, il y a eu un peu de constats de ras-le-bol concrètement. Un premier ras-le-bol qui est sur le…Aujourd’hui, j’étais plutôt présente auparavant sur les réseaux sociaux, dont Instagram. Et en fait, le premier ras-le-bol était qu’aujourd’hui, les contenus qui sont valorisés par l’algorithme ne correspondent pas à ma vision du contenu et ne correspondent pas à ce que j’ai envie d’apporter. Et ça correspond pas non plus à ma vision de l’accompagnement. C‘est-à-dire qu’aujourd’hui, souvent, ce qui va être mis en valeur, ça va être quand même des réels où on voit les personnes qui dansent. Donc ça, je reviendrai dans un deuxième temps de ce qui me pose problème.
Mais également, ça va être des contenus assez courts, assez injonctifs. Donc c’est-à-dire où on va avoir trois conseils pour de débarrasser des compulsions, par exemple. Et ça, en fait, plus j’avance dans mes accompagnements. Donc là, ça fait quatre ans que j’accompagne. Et plus j’avance, plus je vois toute la nuance, toutes les subtilités dans les différentes situations.
Et clairement, ce n’est pas dans un carousel de 8 slides – en sachant que on passe de moins en moins de temps, finalement, sur les contenus, on est plus en plus rapide à passer dessus- ; ce n’est pas dans ce format-là où je peux développer, et en tout cas inciter à la réflexion et faire attention à toutes les interprétations possibles, même si on ne peut pas tout maîtriser.
Et il y a certaines personnes qui se dédouanent en disant mais ce n’est pas de ma faute, c’est les personnes interprètent de telle ou telle manière. Mais je trouve que quand même, en tant qu’accompagnante-accompagnant, il y a quand même un minimum auquel faire attention.
Donc par exemple, quand il y a du contenu sur les troubles alimentaires, contenu plutôt destiné à des personnes minces qui vont plutôt souffrir de restrictions, tout ce qui va à viser à rassurer au niveau du poids, etc. Je trouve que sur quelque chose qui est public, comme un réseau social, donc comme Instagram, ce n’est pas ok, il y a des choses qui peuvent être dites en accompagnement, parce qu’on est deux à deux, parce que la personne, on l’accompagne, parce qu’on sait qu’à un moment donné, on pourra l’accompagner sur quelque chose de sociétal. Mais quand c’est sur du public et que ça peut être lu par toustes, dont des personnes qui peut-être ne souffrent pas de restrictions, mais par contre, il y a le hashtag de troubles alimentaires où le contenu se veut pour thématique des troubles alimentaires, donc, du coup, la différence entre les différentes problématiques, elle n’est pas aussi évidente. Et bien, dans ce cas-là, quand t’as quelqu’un qui va lire ce contenu-là, une personne qui va souffrir de grossophobie sociétale et en même temps qui va souffrir, je sais pas, d’hyperphagie, ben, lire ce contenu-là spécifique, ça va quand même très compliqué.
Bref, pour tout ça, en tout cas, je suis vraiment en désaccord aujourd’hui avec les types de contenus qui sont mis en valeur, avec le contenu très court.
Et c’est là où je trouve que le format podcast, ou comme le format blog, le format newsletter, est quand même intéressant parce que je trouve qu’on peut plus développer. En tout cas, moi, je peux plus facilement développer mes pensées. Et finalement, je suis moins soumise à un algorithme. Et surtout, en fait, je peux placer autant que je veux, deux fois les mots société, les mots oppression, le mot grossophobie. Tous les mots finalement qui vont être quand même plus ou moins invisibilisés par les plateformes et qui vont faire qu’après, entre guillemets, on est shadowban, Donc, shadowban c’est quand on ne montre plus notre contenu. Donc, c’est aussi pour ça que je trouve que c’est intéressant, pour moi en tout cas, c’est important de pouvoir s’affranchir de ce format-là.
L’autre étant qu’aujourd’hui, ça rejoint un peu mon dernier propos, c’est qu’aujourd’hui, le contenu qui marche est vraiment vide de sens, vide de politique, vide de militantisme. On va parler de rapport au corps sans parler de grossophobie, sans parler de racisme, sans parler de validisme. Et je trouve ça quand même très compliqué. Il y a la fameuse phrase l’intime est politique. Et en fait, je trouve que quand on parle de rapport à l’alimentation, rapport au corps, c’est pas juste du développement personnel, c’est pas juste du développement individuel. Et on touche à quelque chose quand même de systémique qui touche une grande partie de la société. Donc c’est aussi intéressant d’avoir quand même des prises de position.
En tout cas, pour moi, c’est important de les avoir, d’avoir des prises de position plus engagées en fait que ce qui peut marcher en tout cas aujourd’hui sur les réseaux sociaux.
Et c’est aussi dans ce sens-là où j’ai aussi le ras-le-bol en fait de cette plateforme.Mais comme d’autres personnes avec qui j’ai fait ce constat, on a fait ce constat-là avec Anne-Favier il n’y a pas très longtemps, avec Elsa Couteller et c’est super enrichissant finalement de pouvoir en échanger avec d’autres personnes, avec Zina aussi, Mebkhout, on rencontre cette problématique.
Et l’autre point aussi d’ailleurs en ce moment, ce qu’on peut voir qui marche, c’est les Reels ou les réels, je ne sais pas, moi je le prononce à la française, je suis désolée. Ou en tout cas les contenus où on voit la personne se mettre en avant. Ça je l’ai déjà expliqué dans un de mes posts Instagram, pourquoi ça me pose problème. Je reviendrai je pense dans un autre épisode ou pas, mais là je vais prendre le temps de un peu l’expliquer.
Mais aujourd’hui finalement ce qui va être mis en valeur, c’est effectivement qu’on va montrer un minimum nos corps. Et bien sûr les corps qui vont être plus plaisants pour Instagram vont être plutôt de la part de personnes minces, de personnes blanches, de personnes cis, de personnes valides et ce à quoi en tout cas je correspond. Donc c’est vrai que je n’ai pas du tout envie de mettre en avant mon image. Parce qu’on en voit assez. On en voit assez des personnes qui parlent d’alimentation, de rapport au corps, rapport à l’alimentation et qui en même temps bénéficient de multiples privilèges. Et j’avais pas forcément envie de rajouter, enfin ce n’est pas que je n’ai pas forcément, c’est que je n’ai pas du tout envie de rajouter ça.
Parce que mine de rien derrière, il y a quand même l’association qu’on fait entre : Je travaille sur mon rapport à l’alimentation, je travaille sur mon rapport au corps et comme ça je pourrais être comme cette personne qui me donne des conseils, c’est-à-dire mince ou en tout cas au corps normé.
Ça, ça me pose problème parce que c’est pas vrai. Cette association, elle est fausse. Mais malheureusement, le contenu qui est survisibilisé aujourd’hui participe à cette association-là.
Et c’est aussi l’avantage du podcast, c’est pas que mes privilèges sont effacés parce qu’en soit je les ai, donc, dans ma manière de parler, j’ai toujours les biais des privilèges que je vis, des oppressions que je ne vis pas, des oppressions que je vis. Mais en tout cas, si ça peut participer un peu moins à invisibiliser le contenu des autres, enfin d’autres accompagnantes sur ce sujet qui ne vont pas forcément être minces, qui vont être racisées, etc. Je prends.
Après, il y a aussi cette réflexion de est-ce que finalement mon podcast ne prend pas cette place-là aussi. Je ne sais pas, j’avoue que c’est aussi une réflexion qui est en cours et que j’ai en même temps que je suis en train d’enregistrer pour être tout à fait honnête.
Donc voilà d’où vient un peu tous ces ras-le-bol et cette envie de prendre le micro.
En sachant aussi que j’ai envie quand même de pouvoir parler du politique, du sociétal. Alors pas toute seule, on est d’accord sur les sujets, notamment sur lesquels je ne suis pas concernée. Je ne prendrai pas la parole mais je donnerai le micro aux personnes qui le veulent bien sur ces sujets-là.
Mais vraiment en fait de pouvoir parler de rapports à l’alimentation, de rapports au corps avec ces lunettes du sociétal. Pas que mais avec.
Et ça, ça fait un peu la différence parce que si je sais pas, quelqu’un vit un rapport à l’alimentation compliquée et qu’en même temps, cette personne, il y a beaucoup de stress dû à des oppressions vécues, je trouve ça difficile quand même de pas du tout parler de ces oppressions ou s’il y a des traumas, soit du stress post-traumatique ou soit du trauma en cours, notamment avec le trauma racial. Sur cette notion, le contenu de Selma Sardouk, elle a fait un podcast à ce sujet et Kiffe ta race aussi, je crois, ont fait un podcast sur le trauma racial, je vous mettrai les références.
Forcément, ça a des impacts aussi sur le rapport à l’alimentation, le rapport au corps, donc c’est pas négligeable. C’est quand même important de prendre en compte. Il y a des impacts au quotidien, des oppressions vécues, des injonctions vécues qui peuvent du coup indirectement impacter la relation au corps et la relation à l’alimentation. Donc pour moi, tout est lié.
De plus, finalement, une partie des facteurs, des troubles alimentaires, c’est pas l’unique, mais ça reste des facteurs. Il y a quand même la notion d’environnement et d’injonction sociétale. Et quand on cherche à la source des injonctions sociétales, par exemple sur la minceur, on y trouve quand même des racines grossophobes et des racines racistes. Donc ça, pareil, sur ce sujet là, le contenu de Sherazade, Stop GRoosophobie est intéressant. Et il y a également un livre que je mettrai en référence. Un livre de Sabrina Strings, mais je crois qu’il n’a pas été traduit et qu’il est en anglais. Je crois. Et du coup, son livre, c’est Fearings de Black Body, donc la peur du corps noir. Et donc du coup, qui interroge aussi le lien en fait, puisque le sous-titre, c’est The Racial Origin of Fatphobia. Je suis désolée pour mon accent, mais qui du coup, les origines raciales de la grossophobie.
D’ailleurs, si tu es une éditrice ou un éditeur qui passe par là, et je pense que ça serait un chouette projet de livre à traduire.
Donc tout ça pour dire que voilà, c’est important de vraiment… Enfin, pour moi, le sociétal ne peut pas juste être mis de côté, quoi. Je trouve ça compliqué de faire du contenu sans en parler. En tout cas, dans ma vision du rapport à l’alimentation et du rapport au corps.
Et du coup, pour terminer un peu ce manifesto… Je sais pas si c’est le bon mot. D’ailleurs, tu verras, comme je ne prépare pas 100 % les scripts, je cherche souvent mes mots et j’utilise souvent les mauvais mots ou les mauvais expressions. Voilà, il faut le savoir. En accompagnement, ça m’arrive aussi de buter sur les mots, soit sur leur prononciation, soit utiliser un mauvais mot pour en dire un autre.
Et du coup, pour finir sur cet épisode, je pense que ça reste important que je puisse quand même me situer. D’ailleurs, dans le podcast Kiffe ta race, en général, elle demande, ma tristesse du podcast, demande en fait aux personnes participantes au podcast de se situer. Et je trouve que c’est un exercice qui reste intéressant.
Le but, c’est pas de faire la liste des oppressions, des privilèges, en mode, voilà, tous les privilèges que j’ai, tadam.
Mais c’est quand même de pouvoir exprimer les biais que j’ai. Même si je travaille dessus, j’ai forcément des biais, j’ai des vécu que je ne connais pas, enfin que j’entends, notamment grâce aux personnes que j’accompagne, mais que je ne vis pas forcément, et d’autres vécu que j’ai vécu, etc. Voilà, donc c’est vraiment dans cette intention là.
Et du coup, dans cette intention là, je trouve que c’est important de préciser que je suis une femme. J’ai une femme cis, blanche, au corps normé, mince. Je suis bisexuelle dans un couple perçu comme hétéro du coup. J’ai déjà vécu des violences sexuelles. Et j’ai déjà vécu les troubles alimentaires.
Je pense que j’y reviendrai dans un autre épisode. Le but, ce n’est pas du tout de dire voilà mon vécu, je peux comprendre ce que vous vivez, mais plutôt d’interroger ce vécu à la lecture des différents facteurs aujourd’hui qu’on connaît en fait dans la littérature scientifique entre guillemets. C’est plutôt d’avoir une lecture, bah voilà tel parcours, quel facteur ont pu influencer le rapport à l’alimentation. Et je trouve ça plus simple de le faire avec mon parcours plutôt et plus éthique finalement que de le faire avec quelqu’un que j’accompagne.Même si j’ai le consentement, je trouve que c’est un peu plus touchy quoi. Donc c’est pour ça que c’est plus facile de prendre le mien que de parler de quelqu’un. Voilà par rapport à mon éthique.
Donc voilà, j’ai déjà vécu des troubles alimentaires, j’ai déjà vécu aussi des violences sexuelles, donc avec un stress post-traumatique. Et voilà, je n’ai pas connu la précarité, je ne connais pas la précarité. Je suis valide. A priori neurotypique, même si des questionnements sont toujours présents, ce n’est pas quelque chose dont j’ai fait une recherche active. Peut-être un jour. Et sinon, même si ce n’est pas vraiment une oppression, mais je trouve que c’est aussi intéressant d’avoir ce point de vue là, c’est que je vis en campagne, c’est-à-dire que je ne suis pas du tout urbaine. Je vis dans une région très très rurale et je suis parente depuis mai 2023.
Voilà, globalement, c’est ce qui me semblait important de mentionner, même si j’oublie sûrement des choses et s’il y a des choses qui te semblent importantes à connaître à propos de moi, par rapport à ton écoute, des épisodes qui semblent indispensables à connaître.
N’hésite pas à m’envoyer un message sur Instagram ou par mail.
Même, je crois qu’on peut mettre des questions maintenant en dessous des podcasts, des épisodes selon les plateformes. Donc n’hésite pas et j’essaierai d’y répondre avec plaisir.
Et pour finir cet épisode, je voulais aussi préciser que j’accepte avec plaisir les critiques constructives, les retours aussi, mais bien sûr aucune obligation. Il n’y a jamais d’obligation de faire la pédagogie envers quelqu’un, donc on soit d’accord.
Donc c’est la fin de cet épisode, de ce sort de Manifesto, de ma posture entre guillemets, et surtout du pourquoi du podcast. Écoute si, pareil, si cet épisode t’a plu, ou en tout cas si ça t’a donné envie de pouvoir écouter les prochains épisodes, n’hésite pas à t’abonner et à le partager autour de toi. Ça serait un énorme soutien pour ce podcast et pour la suite que je vais essayer d’y donner. À très bientôt!
Conclusion – avec musique
C’est la fin de cet épisode, je te remercie pour ton écoute.
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