Dans cet épisode, j’analyse pourquoi l’expression « manger ses émotions » peut être problématique.
Ensemble, nous explorerons un angle de vue sociétal, et physiologique !
Ce n’est pas un problème de gestion des émotions ou de volonté !
- références citées :
=> Catherine lapsy sur instagram
=> métaphore du jeu de cartes : entendue chez Ariane la psy
=> Zina Mebkhout https://www.zina-mebkhout.com/
=> podcast Accompagnant·es d’Elsa Couteiller : https://open.spotify.com/show/1l2il3WX0Y9kOpAT3enSOE
Introduction – avec musique
Hello et bienvenue sur le podcast Corps révoltés, se nourrir sereinement, s’engager puissamment.
Je m’appelle Emeline Lecouffe, je suis accompagnante sur le comportement alimentaire et naturopathe engagé et féministe.
Dans ce podcast, on parle de rapport à l’alimentation, de rapport au corps et de santé de manière politisée et engagée.
Je te partage ainsi que mes invités des outils, des pratiques et aussi des réflexions qui intègrent le sociétal.
Car je suis convaincue que la libération individuelle n’est rien et est impossible sans le collectif.
On est ici dans une bulle, dans un cocoon, alors je te souhaite une douce écoute de l’épisode du jour.
Corps de l’épisode
Bonjour et bienvenue pour ce nouvel épisode de Corps révoltés.
Aujourd’hui, je voulais aborder avec vous la phrase je mange mes émotions qui m’agace particulièrement. Alors, je tiens à préciser tout de suite, quand je dis m’agace particulièrement, je ne suis pas agacée contre les personnes qui utilisent cette expression. Et je comprends en fait, il y a tout un mécanisme qui aujourd’hui explique pourquoi les personnes utilisent cette expression et se sentent compris par cette phrase.
Mais en réalité, quand on détricote un peu, que ce soit d’un point de vue comportement alimentaire, que ce soit d’un point de vue sociétal, finalement est-ce que vraiment cette phrase est si significative que ça?
Et en fait, je crois que quand on détricote cette fameuse phrase, je mange mes émotions, finalement on se rend compte qu’elle n’est peut-être pas adaptée à ce qu’on pensait.
Alors, pour prendre le point de départ, dans quel cadre cette phrase est utilisée?
En général, cette phrase, elle va être utilisée, par exemple quand des personnes font les liens entre leurs émotions et l’alimentation. Donc, c’est-à-dire qu’elles ont l’impression qu’à chaque fois qu’elles sont énervées, ou qu’elles sont ennuyées, ou qu’elles sont tristes, qu’elles y répondent par l’alimentation. Enfin, en tout cas, une impression, c’est en tout cas un constat qu’elles font, qu’il y a un lien entre émotions et alimentation. Et l’idée qu’en fait ça pourrait être géré, entre guillemets, différemment.
Honnêtement, j’ai jamais vu, peut-être que je me trompe, mais aujourd’hui, que ça soit dans les contenus, en fait, je n’ai jamais vu la phrase utilisée, je mange mes émotions de manière neutre ou de manière positive. En général, c’est plutôt vu comme un problème. Un problème de manger, un problème de faire ce lien-là avec émotions et alimentation.
Et ça pose question à plusieurs niveaux.
Déjà, c’est quoi une émotion? Une émotion, ça apparaît dans un contexte précis. C’est une réponse physiologique qui va être brève et intense, qui peut être vue un peu comme une vague. Et cette émotion, elle va avoir des conséquences sur nos pensées, sur nous, sur nos jugements, sur nos prédictions. Il y a plusieurs théories sur le nombre d’émotions. Voilà, il y en a qui vont dire qu’il y en a sept, il y en a qui vont dire qu’il y en a neuf.
Moi, j’ai bien aimé sur quoi se base Catherine Lapis en émotion, qui est que cette émotion, la peur, la colère, la joie, la tristesse, la culpabilité, la haine et en rajoutant notamment parce qu’elle traite un psychotromat, je trouve que ça c’est intéressant, l’impuissance et plus l’rependance, c’est-à-dire que la colère, on peut la diviser entre guillemets en agacement, frustration, etc.
Et en fait, une émotion, on peut avoir différentes stratégies de régulation émotionnelle qui peuvent être plus ou moins fonctionnelles. Le but, ça va être de soit modifier la qualité, l’intensité ou la durée de l’émotion. Par exemple, en amont, on pourrait éviter certaines situations qui provoquent des émotions qu’on n’a pas envie de ressentir. Exemple, je ne regarde pas de films d’horreur, de thrillers ou de films trop violents. Je pense indirectement pour éviter certaines émotions qui ne sont pas du tout agréables pour moi à ce moment-là. Et qui a vraiment zéro plaisir à ressentir ces émotions-là pour moi en plus à ce moment-là.
Après, ça peut être pendant, c’est-à-dire qu’on peut essayer de modifier la situation sur le moment, on peut essayer de réorienter notre attention, c’est-à-dire qu’on va essayer de se distraire. On peut réévaluer la situation en disant non, mais en fait, on peut essayer de rationaliser finalement, ou on peut accepter aussi l’émotion et la situation à ce moment-là. Et après l’émotion, on peut avoir aussi différentes stratégies.
Il y a les métaphores du jeu de cartes que j’aime bien, qui est en fait, on a une émotion et c’est comme si on avait un jeu de cartes. Un jeu de cartes avec plusieurs stratégies de régulation émotionnelle, donc plusieurs possibilités de réguler cette émotion. Et en fait, ce qui est intéressant, ce n’est pas d’avoir une carte, c’est d’avoir plusieurs cartes. Et que selon le contexte, selon l’émotion, peut-être qu’on va sortir la reine de cœur, peut-être qu’on va sortir le 10 de pique, etc. C’est-à-dire qu’il n’y a pas une carte qui serait mieux que les autres, mais c’est vraiment la notion de pluralité, de stratégie, de régulation émotionnelle qui est intéressante. Puisqu’encore une fois, une émotion, c’est dans un contexte donné. Ce n’est pas quelque chose d’universel qui va être la même chose pour tout le monde, quel que soit le moment, etc.
Une fois cette base posée sur c’est quoi une émotion?
Première chose sur laquelle je vais revenir sur la phrase je mange mes émotions parce que c’est quand même le sujet aujourd’hui, c’est l’idée que finalement ce serait que dans certains cas, et des cas qui seraient plutôt vus comme négatifs, qu’on va faire un lien entre émotion et alimentation.
Or c’est faux, dans le sens où l’émotion fait partie intégrante de la prise alimentaire. La prise alimentaire, c’est pas uniquement une fonction d’énergie et de nutrition. Sinon je prends souvent cet exemple aux personnes que j’accompagne, ok, ça sert à donner de l’énergie, des calories, ça sert à donner des nutriments.
Dans ce cas-là, pourquoi on ne peut pas juste se nourrir de liquide avec tous les nutriments? Pourquoi c’est finalement les espèces de boissons repas là? Pourquoi c’est pas quelque chose qui est démocratisé en ce cas-là? Pourquoi? Et oui, parce qu’il y a la notion de plaisir et d’autres émotions qui sont intégrées dans l’alimentation.
Il y a le côté gustatif, mais pourquoi en fait? Pourquoi parfois on a envie d’un truc chaud? Pourquoi de la fois on a un truc de quelque chose de froid? Pourquoi quelque chose de croquant? Pourquoi quelque chose de fondant? Pourquoi on a envie de quelque chose de sucré doux ou sucré acide? Parce que ça va nous procurer des émotions, des sensations plus ou moins agréables que l’on va chercher à ce moment-là.
Et c’est ça qui est fou finalement, c’est qu’aujourd’hui, dans une société très capitaliste, très grossophobe, très tournée sur le culture des régimes et de quelque chose qui faut que tout soit utile, en fait, on en oublie que la prise alimentaire c’est quelque chose agréable.
C’est quelque chose qui est agréable, qui pourrait être agréable, et il y a des émotions. C’est pas quelque chose, en fait, on en vient à voir la prise alimentaire comme quelque chose coupé de la notion d’émotion.
Et c’est ça qu’en fait la phrase je mange mes émotions, elle souligne et qui moi, entre autres, dans les choses qui m’agacent, y a ça, il y a le fait que c’est comme si c’est quelque chose d’anormal, ce lien entre émotion et émondation, alors que vraiment émotion et alimentation sont liées.
Et c’est ça qui est aussi assez révélateur, c’est-à-dire que comme en général tout ce qui touche autour de l’alimentation, plutôt des personnes sexisées ou minorisées qui vont être concernées par ces sujets-là, mais parce qu’en fait, il y a aussi le côté de on n’est pas censé ressentir les choses, on n’est pas censé avoir du plaisir, enfin en tout cas, ça interroge quand même sur ce lien-là de pourquoi on attendrait des femmes et des personnes minorisées, pourquoi on attendrait dès l’e une alimentation très austère ou sans plaisir, quoi, finalement.
Et sachant qu’en plus, l’émotion fait partie de l’alimentation intégrante et ça fait vraiment partie de la régulation du comportement alimentaire C’est-à-dire que sans émotion, c’est compliqué de savoir ce que je veux manger, de savoir, tiens, là, c’est bon, j’ai la satisfaction. Là, j’ai plus de satisfaction à manger, donc je m’arrête.
Sans émotion, la prise alimentaire, la régulation, en tout cas, elle est plus compliquée. Elle est même quasi impossible.
Je ne sais pas si tu as déjà eu l’expérience de plus avoir d’odorat, notamment avec le Covid, il y a eu plusieurs personnes qui ont eu cette malheureuse expérience. Donc plus d’odorat et le goût fortement affectés, c’est quand même moins fun et c’est quand même plus difficile de savoir quoi manger, en quelle quantité, je ne sais pas. Enfin voilà, ça fait quand même, en sachant qu’il y a quand même le visuel, il y a quand même la texture, donc il y a quand même des paramètres qui sont restés, mais on enlève un paramètre en tout cas qui est source d’émotion.
Et rien que ça, ça a déjà été plus compliqué.
Donc en fait vraiment, si on enlève l’émotion de la prise alimentaire, en fait il n’y a plus vraiment de régulation puisque sans trop rentrer dans les détails, mais le rassasiement, qui est le fait de ne plus avoir envie de manger, qui est un des signaux que le corps envoie comme la faim, comme l’envie, etc. Et dépendant justement de cette notion d’émotionnelle et en tout cas de satisfaction.
C’est-à-dire que si j’ai répondu à un besoin de satisfaction, un besoin en lien du coup peut-être avec une certaine texture, avec un certain goût, etc. Si j’ai répondu à ce besoin-là, il y a un moment donné, ok, c’est bon, le besoin a répondu, il y a la satisfaction et à un moment donné, c’est bon, il n’y aura plus ce besoin. Mais du coup, si on enlève le paramètre satisfaction et émotion, à quel moment je vais savoir que j’ai répondu à mes besoins? C’est pour ça que la régulation de la prise alimentaire, c’est pas du tout, mais pas du tout du tout cantonné à j’ai faim, j’ai plus faim. Parce que j’ai faim, j’ai plus faim, finalement, c’est un côté très énergétique en lien avec l’énergie, pardon, en lien très, je dirais pas physiologique, puisque les émotions, c’est aussi quelque chose de physiologique dans le corps. Enfin, il y a des hormones qui s’envoient, il y a des neurones qui fonctionnent dans notre cerveau et qui envoient ces signales.
Donc, le physiologique n’est pas du tout cantonné avec telle énergie, mais du moins un côté très utilitaire, très utilitaire, finalement, de la prise alimentaire. Mais en fait, ça ne fonctionne pas comme ça.
Et l’autre point du coup qui m’embête avec cette phrase, c’est le fait que finalement, on diabolise la prise alimentaire.
Puisque, je mangeais mes émotions, encore une fois, du coup, c’est une phrase qui est plutôt utilisée de manière négative. Général, souvent, que ce soit en accompagnement ou même ce qu’on peut entendre, c’est que la personne espère pouvoir réguler ses émotions d’une autre manière. Derrière, il y a l’idée que mes émotions, je trouverais ça mieux de pouvoir méditer, de faire une respiration, d’aller courir, de dessiner.
Mais en tout cas, manger mes émotions, c’est quelque chose qui n’est pas bien, que je devrais changer.
Et ça, ça interroge. Il y a vraiment un côté diabolisation de la prise alimentaire à ce moment-là.
Et pourquoi, vraiment pourquoi manger serait moins bien que d’aller courir? D’un point de vue concret, pourquoi ça serait mieux?
Parce que physiologiquement, manger est un acte qui produit des émotions et qui peut donc réconforter. Donc pourquoi ça serait moins bien que courir? Parce qu’on est dans une société qui fait le lien entre manger et poids, qui est très quand même capitaliste, qui survalorise le mouvement.
Je ne dis pas que ce n’est pas bien de courir, je dis juste que il y a une hiérarchisation. Et quelqu’un qui court serait une meilleure personne que quelqu’un qui mange en lien avec ces émotions. Donc il y a vraiment le côté diabolisation et de la prise alimentaire, mais qui va avec le fait qu’on est dans une société très grossophobe, très tournée dans la culture des régimes.
C’est Zina qui a pu souligner ça lorsqu’on en parlait avec Elsa sur la table ronde, qui sortira un peu plus tard sur le podcast d’Elsa Couteiller, Accompagnantes. Donc on a fait une table ronde sur le sujet de l’alimentation, du rapport à l’alimentation et de pourquoi c’était un sujet politique et pourquoi on avait tout intérêt à politiser notre accompagnement aussi là-dedans. C’est un épisode qui je pense ne sortira pas tout de suite.De mémoire, il va sortir vers février.
Donc c’était un échange passionnant avec Zina et Elsa. Et Zina soulignait à juste titre qu’il y avait aussi quelque chose de très classiste. C’est-à-dire qu’il y a des choses aussi qui procurent du plaisir et qui ne sont pas accessibles à tous.
Si je reprends l’exemple de courir, c’est classiste et validiste, pas tout le monde ne peut aller courir que ça soit d’un point de vue capacité physique, mais aussi capacité de temps ou même endroit où on vit finalement. Ou encore par exemple, je ne sais pas, des personnes qui vont avoir des loisirs, donc qui vont procurer du plaisir, c’est quand même quelque chose qui peut être assez coûteux.
Et donc tout le monde ne va pas avoir accès non plus à ces loisirs. Et finalement, l’alimentation, même si c’est quelque chose qui n’est pas accessible à tous, parce qu’on reste sur quelque chose qui coûte cher, ça reste quand même quelque chose de la vie quotidienne.
Et donc qui est quand même une source assez primaire, on va dire, de plaisir. Il y a aussi cette idée-là que survaloriser le fait de faire un point de tir, d’avoir des loisirs, de faire la danse, de courir, de, je ne sais pas, de décrire, enfin tout ça d’un point de vue émotionnel, il y a aussi quelque chose de classiste de pourquoi manger, ça ne serait pas aussi bien en fait. Pourquoi ça ne peut pas appartenir aussi à ces cartes-là, si je reprends ma métaphore du jeu?
Et ce qui est d’autant plus intéressant, c’est que finalement, cette diabolisation de la prise alimentaire en lien avec les émotions, parce que vraiment, je le rappelle, manger procure physiologiquement du plaisir, la satisfaction. Donc en fait, oui, ça peut rapporter de réconfort, ça peut même aider à vivre de la colère ou de l’agacement.
Enfin là, il y a vraiment quelque chose de physiologiquement qui répond et qui aide à vivre certaines émotions. Et donc, qui est assez intéressant, c’est que cette diabolisation, elle participe à une prise alimentaire qui ne va pas être bien vécue.
Alors, je ne vais pas faire généralité parce qu’il y a quand même des exceptions, notamment post-traumatiques. Mais si j’ai une émotion, je ne sais pas, je rentre du travail, j’ai besoin de décompresser. Donc vraiment, à un moment, là, il y a un besoin de pause, il y a un besoin de quelque chose de doux après une journée qui a été très dure, quelque chose de doux. Ok, là, il peut y avoir envie de quelque chose de réconfortant, d’un aliment qui nous procure des émotions plutôt agréables, plutôt positives. Donc ok, on commence à manger cet aliment-là.
Mais ça peut vraiment être tout et n’importe quoi dans le sens où il n’y a pas d’aliments qui correspondent à cette description et d’autres. Non, c’est vraiment très propre à chacun, en fait. Et de nos goûts aussi personnels. Voilà, et donc on va vers cet aliment-là.
On le mange de manière très sereine, sans culpabilité, sans hiérarchisation, sans se dire, j’aurais plutôt être en train d’écrire ou être en train de courir ou être en train de respirer plutôt que de manger. Donc sans ces idées-là, finalement, quelque chose de très serein.En fait, à un moment donné, l’aliment va remplir sa fonction émotionnelle de réconfort. Et donc, on ne va plus en avoir envie.La prise alimentaire va s’arrêter là. L’émotion sera passée en minimum.
Notre journée aura toujours été autant pourrimée, on aura eu un peu plus de doux sur le moment. Ok, je vais passer à autre chose, sauf que avec notre fameuse hiérarchisation prise alimentaire, ce n’est pas comme ça que ça se passe.
Et dans le côté, je mange mes émotions. Finalement, il y a un truc très de comme du coup, c’est quelque chose qui est diabolisé.
En même temps que la personne va peut-être être en train de manger cet aliment-là qui, au départ, il va y avoir du réconfort, il va y avoir un truc de culpabilité, de frustration, de restriction cognitive.
Donc, la restriction cognitive, c’est le fait d’avoir des pensées de dire, ok, ça, ce n’est pas bien, ce que tu es en train de faire, tu devrais peut-être être en train de courir, va respirer, ou mange quinqu’un carré, mange pas deux carrés.
Il peut y avoir aussi quelque chose de contrôle sur la quantité. En tout cas, il y a des pensées de contrôle. Et on parle de restriction cognitive parce que du coup, on est dans l’ordre du cognitive, dans l’ordre de la pensée, ça ne veut pas dire qu’on le fait de manière effective, mais nos pensées, elles, elles sont plutôt en mode, tu devrais t’arrêter, ou ça, ça devrait être mieux, tu devrais manger ça en quantité, pas plus, etc.
En tout cas, il y a beaucoup de diabolisation, de hiérarchisation, et il y a une valeur morale négative qui est apportée à ce moment-là à la prise alimentaire. Et en fait, tout ça, tout ce que je viens de citer, ça fait qu’il y aura moins de régulation, parce que ça va être plus difficile de dire ok, c’est bon, j’ai répondu à mon besoin.
Parce qu’il va y avoir de la frustration, le cerveau n’aime pas du tout, n’aime pas du tout, du tout, du tout, du tout, qu’on lui interdise ou qu’on mette une valeur morale sur les aliments, et donc du coup, il va y avoir un truc de bah non, moi je m’en fous, je fais le contraire, ce que j’appelle en général la voie rebelle. On appelle la voie rebelle à faire quoi? À faire le contraire de ce que va dire la réaction cognitive.
Donc à ce moment-là, on n’est plus dans la régulation que j’ai incité juste avant, c’est-à-dire je mange mon aliment, ça me fait du bien, j’ai répondu à mon besoin douceur, ok c’est bon, je passe à autre chose. Là, non, on est dans un autre mécanisme, qui est plutôt un mécanisme de je culpabilise, je continue de manger. Il y a la restriction cognitive, donc il y a le côté rebelle qui du coup peut-être transforme la prise alimentaire à ce moment-là en compulsion. Il y a de la culpabilité, il y a de l’autoflagellation, il y a des sentiments peut-être de honte, il y a des sentiments, il y a de la dévalorisation, etc.
Donc il y a un espèce de fourre tout émotionnel et de pensée plutôt désagréable qui du coup vont faire qu’on n’aura pas trop répondu à notre émotion de départ. L’aliment aura peut-être rempli sa fonction de ce début, mais le mécanisme culpabilité, frustration, diabolisation aura pris le pas, donc on se sentira pas forcément mieux. Mais le problème, c’est ni l’émotion de départ, ni la prise alimentaire au départ. Le problème, c’est la vision à ce moment-là de la prise alimentaire.
Et j’insiste, il y a des cas où on post-traumatique, où l’alimentation va avoir une autre fonction. Et ça, je reviendrai dans un autre épisode. Mais en tout cas, si ce que je te dis ne te parle pas du tout et ne correspond pas à ce que toi tu vis lors de ces prises alimentaires qui restent difficiles pour toi, ce n’est pas anormal. C’est vraiment un mécanisme que j’ai détaillé. Et il y en a d’autres qui appartiennent plutôt au champ du trauma. Mais voilà, ce n’est pas anormal si tu ne te reconnais pas du tout dans ce que je viens de dire et c’est vraiment important. Mais je ne suis pas en train de faire une généralité.
Mais c’est un mécanisme qui existe et qui est quand même fortement présent. Et qui est quand même fortement présent. Et en tout cas, quand j’entends, je mange mes émotions.Souvent, c’est quand même ça qui se passe derrière en mécanisme.
Voilà pourquoi je ne suis pas d’accord avec cette phrase je mange mes émotions. Et pourquoi elle m’agace vraiment.
Parce qu’on est vraiment dans quelque chose qui est très sociétal. Et on a quand même arrivé à un point, on a persuadé les personnes que cette phrase, elle est réelle en fait. Alors que le problème derrière, on est dans un truc de, encore une fois, je vais dire le mot sociétal, mais sans culture des régimes, sans grossophobie, sans classisme, sans validisme, sans vision de la vie très capitaliste, très tout soit utile, le plaisir n’est pas vraiment une donnée intéressante. Finalement, je ne suis pas sûre que cette phrase, elle ferait sens pour beaucoup. Et je ne suis même pas sûre qu’elle existerait ou en tout cas qu’elle serait un problème.
Voilà, n’hésite pas à me faire un retour. Toi, est-ce que ça te parle, ces mécanismes que j’ai décrits? Et qu’est-ce que t’en penses finalement de cette phrase Je mange mes émotions? Ça m’intéresse aussi de savoir si tu utilises cette expression. Et aujourd’hui, après avoir écouté cet épisode, qu’est-ce que t’en penses? En toute honnêteté, peut-être que ça te parle encore. Et c’est vraiment important d’utiliser les mots qui font sens pour nous.
Mais je voulais vraiment apporter ce regard-là, ce regard-là du coup un peu plus sociétal et un peu plus pratico-pratique d’un point de vue comportement alimentaire sur ce qui pouvait se cacher derrière cette fameuse expression.
Et je te dis à très bientôt pour creuser du coup d’autres sujets qu’on a déjà un peu abordés dans cet épisode.
Conclusion – avec musique
C’est la fin de cet épisode, je te remercie pour ton écoute.
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